

Edmond Amram El Maleh. Retour à l’œuvre
L’écrivain (1917-2010),
né dans une famille juive marocaine d’Essaouira, a été le témoin d’une époque
de transition entre tradition et modernité. Militant de gauche pour
l’indépendance, enseignant et journaliste, d’abord au Maroc, puis en France, il
s’installe définitivement au Maroc où il écrit dès lors romans et nouvelles.
Son œuvre témoigne d’une culture indissolublement arabe, berbère et juive. Un
livre collectif en forme d’hommage.

Les territoires de l’écriture. Quand la politique s’invite en littérature.
De l’impuissance à
l’engagement politique, de l’engagement au retrait ou au détachement, la figure
de l’intellectuel est confrontée à un éventail de possibles inconfortables:
être un acteur convaincu ou un témoin critique,
se fier au pouvoir de la littérature ou la préserver des secousses de
l’actualité. L’intellectuel est tantôt journaliste, tantôt écrivain, tantôt
simple citoyen, tantôt les trois. Mais toujours s’impose la question de la
forme de résistance qui nourrit l’écriture : résistance à l’intimidation
des pouvoirs, aux préjugés du moment, au conformisme.

Les infortunes de l’identité culturelle
L’identité culturelle est affaire d’affirmation, de reconnaissance, de revendication, de conflit, mais aussi d’hybridations, de métissages, de rencontres. Entre l’individu et le collectif, entre le singulier et le pluriel, se nouent des relations de tension ou de détente. Parfois il s’agit d’une aliénation de l’individu au groupe, parfois d’une émancipation accomplie. Des enseignants, des écrivains, des artistes, expriment combien la culture, souvent nourrie de représentations imaginaires, est une construction dynamique, une appropriation de soi.

Exil, Mémoire, Migration
L’exil volontaire n’est pas la même chose que le bannissement, mais il y a toujours au départ une contrainte à la manœuvre. Parfois il y a un retour d’exil, une loi d’amnistie ou une démarche volontaire. Quand les déplacements sont collectifs, ils s’appellent migrations, ils s’accompagnent d’une désorientation mais aussi d’un besoin de surmonter le dédoublement des langues, des lieux, des patries, par une reconquête de la mémoire et par la transmission de celle-ci entre les générations. Les figures de l’exilé, du migrant, de l’étranger, sont présentes dans les mythes, elles attirent ou rebutent, elles alimentent la littérature et la mémoire collective, mais elles nous relient aussi à la réalité présente.

Promesses d’Afrique
Les arts africains sont aujourd’hui l’enjeu d’une reconnaissance internationale. La 1-54 Contemporary African Art Fair (54 pour les 54 pays du continent), qui s’est tenue trois années de suite à Marrakech, en témoigne. Il s’agit là des arts plastiques, mais la musique et la littérature ne sont pas en reste. L’influence des musiques africaines sur le jazz et la World music, avec le rôle particulier de l’espace berbérophone, est ici évoquée. De la palabre africaine (parole publique réservée aux hommes) à la littérature, des déplacements sont indiqués, avec l’affirmation de nouveaux féminismes.

Les diversités électives
Il existe une approche négative de la diversité : comment la tolérer, malgré tout ? Il existe aussi une approche positive : en partant de ce qu’il y a de plus singulier dans l’individu, la voix, on s’élève à ce qu’il y a de plus partagé, le chant ; on évoque l’élargissement de la sphère d’appartenance de l’individu à un ensemble plus large et plus divers. Il y a un défi dans la littérature, comme dans la musique et les autres arts : on tente d’intéresser les autres à ce qu’on a à dire ou à faire entendre, et on se crée alors, ensemble, une communauté de goût, une communauté élective. La culture n’est pas un repli mais une ouverture, une insoumission.