Axes et programme de la recherche
Les sciences sociales poursuivent simultanément deux buts qui ne sont pas antagoniques, mais ne vont pas facilement de pair : décrire le monde et l’améliorer. Il est, en effet, difficile de s'intéresser à ce qui fait notre vie comme s’il s’agissait d’une pierre ou d’une plante. On peut contempler les étoiles qu’il n’est pas possible d’atteindre ; on ne peut se contenter de contempler la société. Dès lors, décrire la société, c’est inextricablement y intervenir. Rendre intelligible la diversité des attitudes et des conduites consiste, en effet, comme le soulignait Aron à propos de Montesquieu, à attribuer un sens à l’histoire que l’on narre. En d’autres termes, lorsqu’on adopte une position descriptive, on énonce à la fois des faits et des valeurs. Il ne s’agit pas de reprendre la vieille idée selon laquelle nos descriptions seraient subjectives et donc que le regard scientifique s’avérerait totalement dénué d’objectivité. Il s’agit seulement de considérer que l’établissement des faits est inséparable de leur mise en cause. Nous ne pouvons pas ne pas avoir un avis sur la manière dont va le monde ; nous avons un avis parce que nous sommes personnellement concernés par sa course. De ce point de vue, le chercheur ne diffère pas de tout un chacun. Il a un avis sur le monde même si cet avis est soumis à des contraintes spécifiques – et c’est avis est un « avis social », c’est-à-dire un choix axiologique. Même l’éloge de la neutralité est un avis social, puisqu’il exprime une position dans le monde et par rapport à lui. Ceci n’empêche nullement la neutralité épistémologique ; au contraire, décrire ce qui est à sa juste mesure apparaît comme le préalable à toute amélioration de l’ordre des choses. Tout changement est d’abord un changement de perspective. Neutralité épistémologique et engagement citoyen vont donc de pair dans la recherche en sciences sociales.
C’est dans cette perspective que le Center for Global Studies mène des recherches sur les interactions entre les processus sociaux, les systèmes sémiotiques et les politiques publiques. Par « processus sociaux », on entend plus spécifiquement les interactions entre les acteurs et les institutions. Le centre vise à se doter d’une expertise reconnue sur la protection sociale, la gouvernance démocratique, les politiques migratoires, les dynamiques religieuses et les politiques de maintien de la paix en Afrique. Il entend contribuer activement au développement des études politiques et des sciences sociales sur le continent africain comme à la formation des futures élites scientifiques du continent.
Axes quinquennaux de la recherche au CGS (2020-2025)
➔ EQUIPE DE RECHERCHE: “Valises des MRE”
Les migrations des Marocaines et des Marocains vers l’étranger ont beaucoup évolué au cours des dernières décennies et leurs effectifs ont fortement augmenté. On estime à plus de cinq millions les Marocains résidant à l’étranger, dont plus de 80% résident en Europe, et ce, malgré la multiplication des obstacles, notamment la frontiérisation européenne. En conséquent, le regroupement familial est devenu un des principaux critères d’entrée régulière en Europe, renforçant les liens migratoires transnationaux préexistant au détriment d’autres nouvelles catégories de migrants, ce qui a placé les Marocains dans le haut des classements des primo-arrivants dans les pays-membres, soulignant ainsi combien la diversité des destinations participe à celle des itinéraires migratoires, et favorisant par-là même, les circulations transnationales euro-marocaines. Mais cela n’aurait pas pu avoir lieu sans des liens entre les MRE et le Maroc qu’il s’agit de mieux observer et qualifier. Que ces liens ne soient en réalité que des liens familiaux et/ou interindividuels, ou qu’ils soient renforcés par les pouvoirs publiques ou par les débats publiques, devenant alors des liens politiques, ils sont nourris par les nombreux allers-retours qu’effectuent les MRE dans leur parcours migratoire entre leur(s) lieu(x) de résidence et leur pays d’origine. Il y a dans la question des retours une dimension à la fois symbolique et pragmatique, au sens de pratiques du retour, qui participent à entretenir des liens, voire à en construire de nouveaux. C’est donc aux différentes formes de retours que cette équipe s’intéressa : elle interrogera, depuis le Maroc mais à partir des populations migrantes, les différentes pratiques de retour et d’aller-retour, ses temporalités, ses fréquences, ses intensités, les stratégies mises en œuvre, ainsi que les dimensions symboliques qui les caractérisent, mais elle interrogera également les retours imposés, contraints, et tout cela pour mieux comprendre les liens entre les MRE d’Europe et le Maroc.
Équipe de recherche :
- Mehdi Alioua, référent
- Farid El Asri
- Beatriz Mesa
- Julien Durand de Sanctis
- Fatima Bouchritte
➔ Les religions dans une Afrique liquide (REAL)
Le religieux est un phénomène social contemporain qui se confronte à des enjeux majeurs et qui nécessite de renouveler sans cesse les grilles d’analyses de la complexité de nos perceptions au cœur de sociétés en mouvement accéléré. Dans un processus de planétarisation de la société, la religiosité en transformation se voit questionnée d’un point de vue systématique, pratique et ce jusqu’au cœur des enjeux théologiques ou des pratiques du quotidien. L’attention focale de l’équipe porte justement sur une entrée plurielle en matière et où l’analyse des pratiques religieuses contemporaines sera adossée à une approche théorique et réflexive depuis l’anthropologie du religieux, mais également depuis une ouverture sur d’autres dimensions disciplinaires invitant à saisir les phénomènes intriqués. L'équipe s'intéresse aux dynamiques religieuses mondialisées, marchés du religieux, rituels de grands rassemblements contemporains, nouvelles formes de productions rituelles, réflexions discursives et cognitives, diplomatie et sécurité religieuses, politiques publiques et gestion du religieux, subjectivités des appartenances religieuses, etc.)
Équipe de recherche :
- Farid El Asri, Référent
- Sophie Bava
- Beatriz Mesa
- Burak Yetimoglu
- Halil Kaya Amina Mesgguid
- Seydi Diamil Niane
- Jean-Louis Fernandez
- Hajar Mesbah
➔ Cultures, Langages et Sociétés en Afrique et dans la région MENA: mémoire, diversité, patrimoine, et créativité
Ce programme s’intéresse aux manifestations du corps social dans sa grande complexité. La réflexion s’articulera autour de l’expression humaine, au sein de la société, ses spécificités et ses mécanismes de transmission dans une région qui cristallise l’attention des chercheurs pour l’intensité des interactions qui s’y produisent : l’Afrique et la Méditerranée. Pour ce faire, nous nous intéresserons aux problématiques en lien avec trois traits caractéristiques :
1. La mémoire, sa conservation et ses modes de transmission.
2. La diversité culturelle, linguistique et patrimoniale.
3. Le discours politico-médiatique comme forme d’expression et mode d’influence.
L’objectif principal de cette équipe se résume dans la volonté de mettre en évidence le soubassement des modes d’expressions de nos sociétés souvent méconnu et/ou ignoré.
Équipe de recherche :
- Sara Mejdoubi, Référente
- Michel Boyer
- Zineb Birrou
- Najib Mokhtari
- Saffa Oufaska
- Jérôme Meloncan
- Greta Bliss
- Véronique Montagne
- Omar Moumni
➔ Actions publiques africaines (APA) : politiques publiques, politiques de sécurité, environnement, gouvernance multiniveau, santé publique
Ce programme a pour vocation de développer, par des outils, des méthodes et des approches théoriques pluriels, l’étude des politiques publiques et plus spécifiquement des politiques publiques africaines. Trop souvent oubliées ou mises à l’écart par de nombreuses approches dominantes, les politiques publiques constituent un champ d’étude particulièrement important qui s’inscrit pleinement dans le renouveau de la recherche en Afrique et sur l’Afrique. Trois objectifs scientifiques principaux se dégagent :
1/ Questionner la construction de l’action publique en Afrique.
2/ Analyser les acteurs, les décideurs et les ressortissants des politiques publiques en Afrique au moyen d’une méthodologie différenciée et décentrée.
3/ Stimuler la production de nouvelles méthodes d’analyse, d’évaluation et d’élaboration des politiques publiques en Afrique.
Équipe de recherche :
- Zineb Omary, Référente
- Yousra Abourabi
- Najia Hajjaj
- Fadwa Mhidia
- Rachid Razine
- Giuliano Martiniello
➔ Gestion de conflits, dynamiques régionales et sécurité en Afrique (GECODY) : géopolitique des tensions, polémologie contemporaine et Peacebuilding
Ce programme aborde les dynamiques et enjeux, acteurs et développement de la sécurité dans le cadre de l'espace africain. Un continent émergent dans ce monde global.
La complexité des conflits divers qui se sont multipliés dans la dernière décennie et qui nécessitent une étude de la typologie d'acteurs qui participent aux multiples formes de violences nécessitent un intérêt particulier. Nous interrogeons dans nos travaux les processus de sortie de la violence et ainsi que les mécanismes de restauration de la paix civile et la médiation pour la résolution de conflit.
Nos chercheurs spécialisés dans ce programme ont comme objectifs de produire un savoir global concernant les différents régimes sécuritaires avec une perspective critique : la sécurité environnementale, militaire, religieuse, économie, sociétale.
Équipe de recherche :
- Beatriz Mesa, Référente
- Michel Boyer
- Julien Durand De Sanctis
- Diakité Aboubacar Sidik
- Daouda Fofana
- Ülku Ciçek
➔ EQUIPE DE RECHERCHE: “Droit, Société et Justice sociale en Afrique”
- La place du Droit en tant que levier fondamental de la dynamique sociale.
- Le rôle du Droit des affaires dans le développement économique et social.
- Le Droit et la morale dans le monde des affaires.
- La Justice contractuelle et la justice sociale.
- La justice fiscale et la justice sociale.
- Le contentieux fiscal et les garanties du contribuable.
- Le Droit et la justice sociale comme supports de l Etat de droit.
- Le Droit comme facteur de stabilité et de régulation de la société
Équipe de recherche :
- Amine Mzouri, Référent
- Othmane Tougani
- Meriem Regragui
- Hanane Rharrabi
- Miya Slamti
- Salma Aourid
- Aymane Badri
- Reda Housseini
Equipe de recherche : African Cities in Transition: Architecture, Urbanism, Environment, Society and Innovation.
L’équipe de recherche s’intéresse à un certains nombres de concepts urbains, dont la durabilité, la résilience, les smart Cities et l'urbanisme favorable à la santé, qui constituent des champs d’études particulièrement importants dans les contextes du Maroc en particulier et d’Afrique en général.
Cette équipe de recherche a également pour finalité d’apprécier la place de ces concepts dans les politiques publiques et dans une démarche de bonne gouvernance, en mettant notamment en lumière les problèmes que portent le passage des concepts aux actions.
Equipe de recherche :
- Nawal Benabdallah, Référente
- Mariame Chahbi
- Youssef El Ganadi
- Zinab Himeur
- Lamiae Moujoud
- Lamiae Moujoud
- Safiya El Ghmari
- Proto Mateo
- Giulio Verdini
- Aziz Mouqit
- Kamaté Ismael